Aujourd’hui, c’est la journée Bell cause pour la cause #bellcause. Chaque année, cette journée me tient beaucoup à coeur. Évidemment, je pense que chaque jour est une bonne journée pour parler de la santé mentale. D’ailleurs, on devrait pouvoir en parler chaque jour. Mais une journée, c’est mieux que rien du tout. Dans ce billet, j’ai décidé de vous partager un peu mon histoire.

Depuis l’enfance…

Lorsque j’étais enfant, j’ai vécu beaucoup d’intimidation. Au primaire, au secondaire. Je ne pouvais pas y échapper. J’étais malheureuse, je manquais de ressources aussi. À l’époque, on parlait beaucoup moins de la détresse chez les enfants. Ceux dans la classe qui étaient « Hyperactifs », on le savait tous, étaient sur le Ritalin. Les autres, c’étaient les autres.

J’ai subi une agression lorsque j’étais en 3ème année. Un gars de la classe s’est tourné contre moi, car il était tanné de m’entendre chantonner. Il m’a mis un canif en dessous du cou. J’avais 9 ans. J’ai eu la chienne. J’ai eu droit à 2 séances chez la psychologue. Mais à 34 ans aujourd’hui, je m’en souviens comme si c’était hier. Je me rappelle à quel point mon sang s’est glacé et à quel point j’ai eu peur de mourir. Ce n’était pas un film, cette fois. Je sais que ce moment m’a marqué pour toute la vie.

Je ne sais pas à quel point ce qu’on vit lorsqu’on est enfant influence notre possibilité à développer des troubles de santé mentale à l’âge adulte. Mais ce que je sais, c’est qu’il m’arrive encore d’avoir des peurs et de l’anxiété associée à des moments que j’ai vécus dans l’enfance.

La fragilité mentale

Tu le sais, quand t’es fragile. Je le savais. Depuis longtemps. Lorsque mes parents ont également été diagnostiqués, alors que j’avais 18 ans, je savais que mon tour allait venir un jour.

Comme je l’ai mentionné plus haut, depuis que je suis toute petite, je traîne avec moi des périodes de stress, un sentiment incontrôlable de peur, d’anxiété. Aussitôt que survient une situation où je sens que je n’ai pas le contrôle, je me sens extrêmement sur le qui-vive. Mon coeur s’emballe, mais pas de façon positive.

Plusieurs situations considérées banales aux yeux de certains peuvent déclencher en moi un mal-être incroyable. C’est inexplicable. Et ça ne donne surtout absolument rien de se faire dire d’arrêter de stresser pour rien. Ça ne fait qu’empirer la chose.

Quand je suis devenue maman, à 23 ans, j’ai vécu un Post-Partum. C’était soudainement beaucoup plus difficile que je le croyais d’être une maman. J’aimais mon bébé plus que tout, mais j’étais si désemparée et fatiguée.

Ensuite, en 2018, d’autres pépins de vie m’ont amené à songer à en finir pour de bon. Évidemment, je ne suis pas passée à l’acte. À ce moment-là, c’est l’existence de ma fille qui m’a rattachée sur terre. Je ne pouvais pas l’abandonner. Mais j’avais de la difficulté à avouer que j’avais un problème. Avec le recul, je crois que je n’étais pas prête à me faire dire que moi aussi, j’avais un trouble de santé mentale. Je ne pouvais pas me permettre d’avoir l’air imparfaite. Déjà que j’avais plein de défauts.

Santé mentale : Quand rien ne va plus

Un jour, ça n’allait plus. Ce jour est devenu un mois. Ce mois, une année. J’ai été pendant une bonne année en grande détresse. Puis en juin 2019, mon verdict est tombé : dépression, burn-out, troubles anxieux et des traits TPL (Trouble de la personnalité limite). Des p’tites pilules, avec un bon psy. C’est une belle recette. Mais ça demande tellement plus.

C’est à ce moment que j’ai compris que je devais me prendre en main. À 32 ans, je n’avais plus le choix. Sinon, j’allais continuer d’hypothéquer mon temps et d’attendre que ma vie se termine.

J’avais deux façons d’accueillir cette nouvelle :

  1. Me laisser détruire, me dire que je suis une folle, une bonne à rien, que les médicaments vont faire leur job, que de toute façon, je ne serai jamais heureuse ou ;
  2. Accepter le diagnostic, prendre cela comme un moteur pour avancer, approfondir les éléments qui peuvent me déclencher des crises ou des réactions fortuites.

Évidemment, j’ai choisi la deuxième option.

J’ai consulté pendant quelques mois, j’ai fait une démarche avec une conseillère d’orientation, j’ai fait beaucoup de lectures aussi. J’ai reconstruit des relations qui étaient importantes pour moi, j’en ai aussi déconstruit d’autres qui étaient devenus toxiques. Je me suis autorisée du temps pour me recentrer sur la vie dont je rêvais. Je suis retournée à l’école, j’ai lancé mon entreprise. Ma vie a repris un nouveau sens depuis ce moment.

Cette période a été le moteur qui m’a mené plus loin. Si je n’avais pas eu le courage d’aller voir le médecin et de dire que ça n’allait pas, je serais peut-être encore terriblement malheureuse.

Aujourd’hui, je me sens bien. J’ai arrêté la médication en mars 2021 et j’ai fait confiance à ma propre capacité à contrôler cette anxiété. Je sais que je reste fragile, que ça reste en moi. Ça fait partie de mon identité. Mais à l’aube de mes 35 ans, je me sens heureuse, en paix. Avec qui je suis, avec ce que je fais. Je suis loin d’être parfaite, mais maintenant, j’arrive à comprendre les raisons de mes réactions, de mes sentiments, de mon anxiété. Cela me permet de mettre en application des stratégies me permettant de vivre normalement avec moi-même et avec les autres.

Être une statistique

Les statistiques mentionnent qu’environ 1 personne sur 5 développera dans sa vie un trouble de santé mentale. Hey bien. Je suis officiellement une statistique. Toi aussi, possiblement. Peut-être aussi ton frère, ton chum, ta mère, ta cousine, ton meilleur ami. Nous pouvons tous être une statistique qui présente un trouble quelconque.

Évidemment, il ne faut pas se sentir uniquement comme une statistique. L’objectif, c’est de pouvoir aborder sa condition sans se sentir juger, stigmatiser.

Ton trouble, s’il est là, il est là. C’est en toi. Heureusement, il peut se contrôler, se soigner peut-être. Je ne sais pas. Je ne suis pas une experte, alors je ne peux me prononcer.

Mais quoi qu’il en soit, il existe de l’aide, du support, même si on croit souvent qu’il n’en existe pas. N’oublie jamais que tu peux composer le 811 pour trouver une ressource qui pourra t’aider.

La santé mentale au coeur des discussions

Ce que j’aimerais, c’est que la santé mentale soit un sujet de discussion qui soit sans tabou. Je sais que plusieurs personnes ne sont pas à l’aise de partager leur état. Je comprends, c’était mon cas avant. Toutefois, j’aimerais dire à ces personnes que d’en parler, ça aide tellement à accepter la maladie. Évidemment, on ne le fait pas pour que les gens nous prennent en pitié, mais pour qu’ils aient une meilleure compréhension de nos schèmes mentaux, de nos réactions émotionnelles.

Aujourd’hui, je n’ai aucune gêne à parler de mon vécu, de mon trouble d’anxiété généralisé ou même de mes traits TPL qui me donnent parfois bien de la misère! Je suis très lucide par rapport à mon état et si je peux aider une personne à chercher de l’aide, à se libérer du poids d’être seule dans son état de mal-être, je me dis que mon devoir aura été accompli.

Si tu sens que tu es à bout, appelle le 1-866-277-3553 (1 866-APPELLE).
Pour trouver une ressource d’aide dans ta région, compose le 811.

Si vous avez des questions, des commentaires ou des partages à me faire, je vous invite à me contacter.

 

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